La tyrannie de l'automobile

Publié le par Pierre Thiesset

IMG_0001-copie-3.jpg80 % de la population mondiale n’utilise pas le fléau sur roulettes. Mais chez les 20 % restants, c’est-à-dire nous, il est hors de question de mettre en joue la déesse automobile. Allons, notre mode de vie n’est pas négociable ! Montrer du doigt l’objet d’un quotidien totalement aliéné, c’est être un passéiste partisan du retour à la bougie et à l’âne !

 

Pierre Gillet se contrefout de ces dialogues de café du commerce malheureusement omniprésents, jusqu’à la “tête” de l’Etat (n’est-ce pas Fillon ?). Avec une verve entraînante, il dénonce la tyrannie de cette machine envahissante, « élément clé que l'on devra radicalement remettre en cause », « emblématique de nos sociétés modernes, avec cette boulimie de consommation qui lui colle à la peau ». Son texte ramassé est un réquisitoire limpide contre la production la plus (auto)destructrice qu’ait déféquée l’humanité : la bagnole broie les hommes, tue, blesse, pue, pollue, sature les villes, raréfie l’espace, les ressources, désorganise le territoire, engendre du stress, de la violence, des maladies respiratoires et cardiovasculaires, détruit le commerce de proximité, la convivialité, uniformise, enlaidit, soumet l’homme, l’isole... On l’adore alors qu’elle est inefficace, hyper chère, très peu rapide si on compte tout le temps passé au travail pour se payer le transport pour aller au travail pour se payer le transport (boucle sans fin).

 

Mais elle continue à se répandre la garce. Le déclin actuel de la production de pétrole ne nous fait pas lever le pied. Nous assistons en direct « à la disparition de nos sociétés d'opulence », mais peu importe, l’essentiel c’est de répondre aux injonctions de la publicité : «  “Si tu veux toucher des filles comme nous, t’as intérêt à en avoir une grosse”, voiture évidemment.  »

 

Produisons plus de voitures, ça crée de l’emploi, précaire certes, délocalisé, pressurisé, mais c’est bon pour la croissance, comme la construction d’autoroutes, la prolifération d’armes, les pompes funèbres, les hôpitaux. Et puis ne changeons rien puisque la science va nous sauver. Mais oui, ne croyons pas les écolos catastrophistes, on peut généraliser les voitures électriques en multipliant par deux le nombre de centrales nucléaires et par quinze l’extraction de l’uranium, une ressource en déclin. Mais oui, les agrocarburants vont nous sauver : il suffit de convertir toutes les terres agricoles françaises à l’alimentation des moteurs. Manger, on verra après.

 

La pénurie énergétique est là, mais le déni continue. On persévère dans notre voie suicidaire. “L'automobile pour tous est devenu au mieux un rêve d'imbécile, au pire un projet criminel, mais qui de toute façon nous a mené trop loin.” Il est temps de remettre la vie dans les rues.

 

Pierre Gillet, La tyrannie de l'automobile, du rêve à la calamité, Homnisphères, 2007.

Publié dans Livres anti-bagnoles

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